7 juin 2021, Débat de l’ASP : regards croisés sur « l’aide active à mourir »

Les discussions autour de cette question complexe tournent vite au dialogue de sourds entre les défenseurs de l’euthanasie et ceux qui s’y opposent. Comme l’a rappelé Jacques de Beauval en introduisant le débat organisé dans les locaux de l’ASP fondatrice, le 7 juin 2021, les réponses à ces questions ne peuvent être binaires ou lapidaires.

Pour enrichir la réflexion de chacun, il a convié Isabelle Marin, médecin en soins palliatifs, et Damien Le Guay, philosophe. Les bénévoles le souhaitant avaient pu faire part de leurs questions avant.

Dans un premier temps, chacun a présenté son point de vue, mêlé de pensée et de pratique clinique. Cette dernière manque aux partisans de l’euthanasie. Ils la défendent comme un droit individuel quand les détracteurs, majoritairement des gens de terrain, savent l’ambivalence de l’humain face à la maladie, à la mort. Ils se méfient de son application générale : la société ferait porter à très peu de personnes la charge du don de la mort à leurs semblables.

La mort est une expérience individuelle, unique, intime. La fin de vie est une expérience de vie. Elles sont occultées, médicalisées, car la technique a pris le pouvoir. Doté du plus grand savoir médical, nul ne sait pourtant ce qu’est la mort. Il n’y a pas de spécialistes de la fin de vie. Il y a des humains convoqués à une réflexion profonde et collective : comment ritualiser l’avant et l’après ? Comment donner une place dans le monde à chacun, âgé(e), malade, handicapé(e), vulnérable, précaire, et une place qui permette de vivre décemment ? Comment remplacer l’association incongrue de « aide » et « médicale » à « mourir » ?

Isabelle Marin et Damien Le Guay encouragent les bénévoles, les membres de la société civile à sortir du silence, à s’unir pour porter une autre parole. Ils appellent à réfléchir dès maintenant sur les positions, les actions, les points de vue, dans les associations, dans les hôpitaux, mais aussi sur la place publique.

L’ASP fondatrice remercie Isabelle Marin et Damien Le Guay pour leur échange empreint de sincérité et de tolérance. Le texte retraçant leur discussion sera publié dans le prochain numéro de Liaisons à paraître en novembre 2021.