
Les soins palliatifs correspondent à une vision humaniste de la médecine préoccupée de la prise en charge de la souffrance globale du malade traversant une phase critique d’une affection potentiellement mortelle ou vivant la période terminale de sa vie.
Les soins palliatifs comportent de façon indissociable la thérapeutique
palliative, affaire des soignants, et l’accompagnement dans lequel
sont impliqués tous les intervenants auprès du malade, au premier
rang desquels la famille et les proches. Il est important de définir
à quel moment interviennent les soins palliatifs.

Le malade menacé dans sa vie est confronté à une
souffrance globale où se mêlent plusieurs composantes étroitement
imbriquées l’une sur l’autre :
- La composante physique. Elle est représentée par la douleur,
par les symptômes, sources dangoisse parfois extrême tels
que la dyspnée, la suffocation, quand lessoufflement confine
à lasphyxie, par des syndromes vécus comme très pénibles,
ainsi les vomissements
.
- La composante morale et psychologique avec le sentiment
dêtre malheureux, anxieux.
- La composante spirituelle : " Quest
ce que je fais de ma vie ? ", " Me suis
je réconcilié avec mes proches ? "
- La composante sociale : " que vont
devenir les miens ? "
A une souffrance globale, les soins palliatifs cherchent à répondre de façon globale dans le cadre d’une équipe interdisciplinaire où chaque intervenant autour du malade essaie d’avoir une attitude complémentaire.
La douleur et les autres symptômes relèvent de la thérapeutique palliative et des soins de nursing, mis en œuvre par les soignants.
Les autres composantes relèvent de l’accompagnement : chaque intervenant y a sa place particulière : la famille, les médecins et tous les personnels soignants, les représentants des différentes religions, les travailleurs sociaux, les accompagnants bénévoles...

Elle vise à supprimer ou atténuer tous les symptômes
de souffrance physique, d’angoisse, d’inconfort. Il va de soi que
le meilleur traitement des symptômes est de guérir la maladie, cause
de la douleur, en lui opposant un traitement curatif, mais son ne
efficacité peut se manifester qu’après un certain délai.
Il n’est pas question de laisser le malade souffrir pendant ce temps
: traitements curatif et palliatif seront alors superposés.
La douleur
La douleur doit être contrôlée, encore faut-il qu’elle soit reconnue, évaluée dans son intensité, rattachée à une cause précise, sous peine d’introduire un traitement inadapté à l’importance de la douleur ou à son mécanisme. Le but est d’être efficace au prix d’effets secondaires les plus réduits possibles. Ainsi sera t’on amené, devant une douleur modérée, à utiliser des médicaments de palier 1 (aspirine) ou 2 (opiacé faible) avant de passer à la morphine de palier 3, en sachant que dans des douleurs liées à des atteintes nerveuses, la morphine n’a pas son efficacité habituelle et que l’on est conduit à faire appel à des antiépileptiques dans des douleurs se traduisant par des décharges fulgurantes et à des antidépresseurs détournés de leurs indications courantes quand la douleur s’accompagne de sensations désagréables : fourmillements, picotements (paresthésies).
Le traitement palliatif de la douleur n’est pas toujours exclusivement
médicamenteux : on peut faire appel à la radiothérapie dans le cas
de métastases osseuses…, à la chirurgie première, complétée par
la radiothérapie et/ou la chimiothérapie en cas d’envahissement
nerveux comme dans le cas de certains cancers broncho-pulmonaires
du sommet du poumon, ces moyens étant pris dans un sens palliatif
et non curatif.
Les manifestations digestives : vomissements, constipation, occlusions intestinales
Elles sont à l’origine de situations très pénibles. Elles imposent
toujours la recherche d’une cause et la compréhension des mécanismes
responsables afin de déboucher sur un traitement parfois à visée
curative, souvent symptomatique, prévenant ou réduisant les vomissements
liés à la chimiothérapie.., ou palliatif purement antalgique.
La dyspnée : difficulté de respiration
Rien n’est plus angoissant qu’un essoufflement, quand le malade pressent une menace d’asphyxie progressive ou quand brusquement il noie ses bronches et que l’on n’arrive pas à tarir le saignement. La démarche est toujours la même : Quelle est la cause ? Quel est le mécanisme ? Une trachée ou des grosses bronches obstruées par une tumeur pourront être libérées par un traitement palliatif laser ou une technique chirurgicale. Les médicaments ont leurs indications.
Mais quand on devient impuissant face à une asphyxie incontournable,
force est de poser la question de l’acharnement thérapeutique et
de la sédation, sans pour autant promouvoir
une euthanasie intentionnelle, mais en préconisant au malade et
à la famille une sédation (sommeil artificiel) titrée, contrôlée
et réversible.
Autres symptômes
Leur liste est longue : bouche douloureuse, escarres...

Etre auprès du malade dans une attitude d’écoute au moment où il en a besoin, pour l’aider, lui et sa famille, suppose un préalable : un contexte de vérité. Il s’agit de fournir au malade les repères dont il a besoin, de façon progressive et adaptée à ce que l’on perçoit comme sa demande réelle, souvent assez éloignée de la demande exprimée, quand la menace de mort apparaît. Dans ce domaine, le médecin hospitalier, par son comportement vis-à-vis du malade, de la famille, de l’équipe soignante, du médecin traitant à domicile, a un rôle souvent déterminant dans le climat de prise en charge globale du malade.
La famille représente l’élément de soutien majeur pour le malade et fait face à la situation, d’autant mieux qu’elle est aidée par l’équipe soignante et que des dispositions ont été prises pour l’accueillir.
Mais la famille peut se fatiguer, avoir des difficultés à parler à son malade, sinon en termes rassurants, par pudeur, par crainte de le choquer, par manque de formation. Elle a tendance à écarter des sujets que le malade voudrait aborder. De son côté, le malade n’ose pas se libérer et déposer un fardeau de confidences qui lui pèse. Aussi est-il enclin à se confier à un ami, à un inconnu lié par le secret : l’accompagnant ,à un ministre du culte, s’il est croyant. Ainsi les uns et les autres pourront favoriser, dans la discrétion, des réconciliations susceptibles d’apporter une certaine sérénité.

PERIODE CRITIQUE – PHASE TERMINALE
Les soins palliatifs ne doivent pas intervenir seulement au stade
terminal de la maladie, mais bien en amont, au moment où
le malade et sa famille connaissent une période critique,
période d’incertitude et d’angoisse où la vie est menacée. Une telle
période critique est vécue en particulier au moment de la prise
en charge initiale d’un malade douloureux présentant un cancer évolué
qui se voit proposer une chimiothérapie lourde sans que l’on sache
s’il sera ou non répondeur à la thérapeutique. Le malade ressort
des soins palliatifs avec sa composante thérapeutique (traitement
de la douleur) et sa composante accompagnement du malade et de sa
famille. Si le malade est répondeur, il évolue vers une rémission
et parfois une guérison, seul est poursuivi le traitement curatif.
En cas de reprise évolutive, c’est une nouvelle phase critique,
entraînant une inquiétude majeure chez le malade et ses proches.
Un nouveau protocole à visée curative est mis en œuvre accompagné
de soins palliatifs. Quand le traitement curatif s’épuise, les soins
palliatifs deviennent peu à peu dominants, puis exclusifs en période
terminale. Une telle démarche répond à la définition des soins
continus. Ce concept fait percevoir que les soins palliatifs
ne sont pas l’affaire uniquement des spécialistes et des structures
spécifiques de soins palliatifs, "les unités de soins palliatifs",
mais aussi de tous les services et de tous les médecins intervenant
en institution comme au domicile, préoccupés de soigner leurs malades
menacés dans leur vie, dans une optique de médecine globale, et
s’il le faut, jusqu’au bout, dans une optique de complémentarité
avec les équipes mobiles de soins palliatifs et les unités de soins
palliatifs. Les soins terminaux, quand le malade est face
à la mort, comportent des particularités majeures. Dans les cas
difficiles, les unités de soins palliatifs (USP) sont particulièrement
aptes à les prendre en charge du fait de leur compétence et de l’architecture
bien conçue pour recevoir les familles. Elles jouent par ailleurs
un rôle essentiel dans la formation et la recherche, pouvant mettre
au point des protocoles thérapeutiques qui seront secondairement
diffusés.
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