La vanité de Lionel Baier. Film Suisse, septembre  2015.

Vanité des vanités, tout est vanité ! » 

« Toute ma vie j’ai fait ce que je voulais, et pour ma mort j’exige que ce soit la même chose ! ».
Telle est la réplique cinglante et agacée de ce vieil architecte suisse, hautain et orgueilleux,  qui a décidé de « profiter » du suicide assisté, autorisé par la loi helvétique.
Cependant, David Miller, l’architecte suisse, va se trouver confronté à des situations particulièrement cocasses qui feront que, pour une fois, ses plans ne se dérouleront pas du tout comme prévu .
Dans cette courte comédie douce amère (de seulement 75 minutes !), non dénuée d’une certaine ironie, le cinéaste Lionel Baier ne prend nullement partie pour ou contre le suicide assisté. Ce thème n’est finalement pour lui qu’un prétexte pour évoquer « le désir » chez un trio particulièrement surprenant : l’architecte suicidaire, l’accompagnante bénévole (magnifique Carmen Maura, égérie de Pedro Almodovar, bouleversante d’humanité) et le jeune prostitué russe …
À travers des situations burlesques, Lionel Baier suggère que plus on veut organiser et maîtriser son départ ultime,  plus la vie semble vouloir résister et déjouer les projets qui paraissaient les plus aboutis ! « La Vanité » est donc celle de cet architecte face à la mort, qu’il ne saurait commander, et qui semble préoccupé par sa seule « petite personne », niant ceux qui l’entourent. Le bon sens et l »écoute « active » de la bénévole, va permettre d’entrevoir la détresse et la souffrance de ce suicidaire faussement égoïste.

Ce film pourrait être une ode à la vie, si l’on admet que l’existence n’est pas vaine tant que l’on a de la curiosité pour les autres.
L’aspect jubilatoire du film tient d’abord au déplacement progressif du regard, opéré par une mise en scène précise et virtuose, par une série de rebondissements et de retournements, mais aussi par de nombreux clins d’oeil à des films cultes qui ont marqué incontestablement le cinéaste suisse.

À la question « peut-on rire de la mort ? », ce film optimiste semble répondre par l’affirmatif, mais à la condition d’être en bonne compagnie ! et de faire confiance à la vie toujours imprévisible …
Le rire serait alors la plus belle politesse offerte au sentiment tragique de la vie ! …

Patrick Maigret , bénévole ASP fonfatrice