Imaginez un organisme qui défie toutes les classifications traditionnelles du vivant. Le Physarum polycephalum, communément appelé blob, appartient au règne méconnu des amibozoaires et passionne les scientifiques du monde entier. Cette créature unicellulaire vit naturellement dans les sous-bois humides, se développant sous les écorces et parmi les feuilles en décomposition. Sa forme spongieuse évoque une omelette jaunâtre aux capacités extraordinaires.
Un organisme aux capacités surprenantes
Le blob échappe aux catégories habituelles : ni animal, ni végétal, ni champignon. Audrey Dussutour, éthologiste et directrice de recherche au CNRS, étudie cet organisme remarquable depuis 2009. Elle explique que les myxomycètes forment une classe unique d’organismes unicellulaires aux propriétés fascinantes.
Présent sur Terre depuis au moins 500 millions d’années, le blob possède des caractéristiques étonnantes. Sa taille peut doubler quotidiennement et s’étendre sur plusieurs mètres carrés. Lors de ses déplacements, il forme des réseaux jaunes et gluants d’une beauté surprenante. Plus remarquable encore, il survit à la déshydratation en entrant dans un état de veille pouvant durer des années.
Malgré l’absence de cerveau, les capacités d’apprentissage du blob ont été démontrées scientifiquement. Cette découverte révolutionnaire remet en question notre compréhension de l’intelligence dans le monde vivant. L’organisme a même voyagé vers la station spatiale internationale avec Thomas Pesquet dans le cadre de la mission éducative « Élève ton blob ».
Participer à la recherche scientifique depuis chez soi
L’enquête participative « Derrière le blob, la recherche » représente une opportunité unique de contribuer à la science. Cette expérience d’ampleur inédite vise à étudier les effets du changement climatique sur cet organisme sensible aux variations de température. Le blob joue un rôle écologique essentiel en minéralisant les sols, favorisant ainsi la croissance des plantes.
Audrey Dussutour recherche 10 000 volontaires pour cette étude révolutionnaire. L’expérience s’adapte à tous : particuliers, écoles, établissements spécialisés comme les EHPAD. Chaque protocole de variation de température sera suivi par 50 participants, permettant un échantillonnage représentatif impossible à réaliser en laboratoire.
Les participants reçoivent leur blob par courrier. Après réhydratation pour le réveiller, ils simulent des vagues de chaleur à l’aide d’une ampoule chauffante. Le blob se nourrit exclusivement de flocons d’avoine non biologiques – détail important car il rejette les produits bio ! Les volontaires photographient quotidiennement leur organisme pour documenter sa croissance.
Modalités pratiques de l’expérimentation
La durée de l’expérience varie selon les préférences des participants. Les protocoles proposés s’étendent de 5 jours minimum à 2 mois maximum. Cette flexibilité permet à chacun de s’engager selon ses disponibilités et sa motivation.
| Matériel nécessaire | Usage | Coût approximatif |
|---|---|---|
| Ampoule chauffante pour reptiles | Simulation des vagues de chaleur | 15-20 euros |
| Boîtes de Pétri | Élevage du microorganisme | 5-10 euros |
| Thermomètre | Contrôle de la température | 5-10 euros |
| Flocons d’avoine non bio | Alimentation du blob | 2-3 euros |
Le budget total avoisine 30 à 40 euros selon la chercheuse. Une liste détaillée du matériel accompagne chaque inscription validée. L’appareil photo reste indispensable pour documenter l’évolution quotidienne de l’organisme.
Une page Facebook dédiée facilite les échanges entre participants et équipes du CNRS. Cette communauté virtuelle enrichit l’expérience en permettant le partage d’observations et de questionnements. Les expérimentations débutent entre fin mars et fin mai pour bénéficier de conditions de température optimales favorables au développement du blob.