Attention manip ! Ou comment faire dire aux sondages ce que l’on souhaite

manipulations sondages fin de vie

Décryptage de quelques questions du nouveau sondage IFOP/ADMD  « le regard des Français sur la loi Leonetti et la fin de vie » paru en avril 2015.

Manipulation des chiffres et déformation des propos ou comment faire dire aux personnes sondées et au Président Hollande ce que l’on souhaite entendre.

Question 1 : « La Loi Leonetti relative aux droits des malades et à la fin de vie, votée en 2005, encadre les conditions de prise en charge des personnes malades en fin de vie. Avez-vous déjà entendu parler de cette loi ? »

Résultats : 87 %des sondés ont entendu parler de la loi Leonetti Oui, et je sais bien ce dont il s’agit : 45% Oui, mais je ne sais pas vraiment ce dont il s’agit : 42% Non : 13% Total Oui : 87%

Manipulation des chiffres ! En fait, 87% de sondés déclarent avoir entendu parler de la loi Leonetti mais parmi ceux-ci seulement 45% des personnes déclarent savoir ce qu’est la loi Leonetti, sans d’ailleurs aucune question ne leur est d’ailleurs posée pour le vérifier!
Dans ce sondage ce sont   55%  (42% + 13%) des personnes déclarent qu’elles ne savent pas de quoi il s’agit. Soit trois sondés sur 5 qui ne connaissent pas la loi !

Question 2 : « Une mission d’évaluation de la loi Leonetti, présidée par M. Leonetti lui-même, a été mise en place en 2008, puis de nouveau en 2014 afin de réfléchir à la nécessité de faire évoluer le dispositif législatif encadrant la fin de vie en France. Vous personnellement, diriez-vous qu’il faut faire évoluer la loi de 2005 sur les droits des malades et la fin de vie ? »

Ce sondage demande s’il faut changer la loi même à ceux qui disent qu’ils ne la connaissent pas ! Comment peut-on demander aux personnes qui déclarent ne pas connaitre la loi Leonetti s’il faut la faire évoluer ? Sur quels critères peuvent-elles émettre cette opinion ?

 

Question 5 : « Lors de la dernière campagne pour l’élection présidentielle, François Hollande a pris l’engagement de proposer « que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. »
Souhaitez-vous que le président de la République tienne sa promesse de campagne en autorisant le recours à l’euthanasie active pour les personnes en fin de vie qui en feraient la demande ?

Déformation des propos!
Cette question fait tenir au Président Hollande une promesse qu’il n’a jamais faite. En effet dans sa proposition 21 il n’a jamais fait mention à l’euthanasie mais  proposé « que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. » Les soins palliatifs correspondent bien à cette possibilité de « bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité », le problème aujourd’hui en France c’est que seulement 20% des personnes qui en ont besoin en bénéficient.

Question 6 : «  La notoriété de l’ADMD et de l’Alliance Vita. Pour chacune des associations suivantes, la connaissez-vous, ne serait-ce que de nom ? »

Narcissisme et manichéisme !
Comme si face aux enjeux de la fin de vie il n’y avait que les deux alternatives présentées par l’ADMD (euthanasie, suicide assité) et Alliance Vita (maintien de la vie : SOS fin de vie, SOS bébé) et que les positions laïques et citoyennes contre l’acharnement thérapeutique, pour l’accès aux droits des personnes dans le choix de leur fin de vie, contre l’euthanasie, n’existaient pas.

L’ASP fondatrice demande qu’une communication d’envergure nationale soit organisée sur la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie, et milite pour un accès universel aux soins palliatifs pour toutes les personnes qui en ont besoin, alors qu’elles ne sont que 20% à en bénéficier.